Depuis sa création, l’Agence Nationale Maaden Mauritanie a placé la recherche et les études scientifiques au cœur de ses priorités, convaincue que toute approche sérieuse d’organisation du secteur minier artisanal et semi-industriel doit s’appuyer sur une connaissance scientifique précise et sur des données techniques fiables servant de référence pour les opérations de production et d’exploitation.
Dans cette perspective, et afin que les grandes décisions stratégiques reposent sur des bases solides, l’Agence a inscrit parmi ses priorités la réalisation de plusieurs études approfondies. Celles-ci ont constitué un pilier essentiel dans le processus de réforme de ce secteur, tout en constituant une source riche de connaissances, offrant aux acteurs une vision plus claire de la réalité et des perspectives de l’exploitation miniére artisanle et semi-industrielle en Mauritanie.
La stratégie nationale de santé, de sécurité et d’environnement
La première de ces études a consisté en l’élaboration de la Stratégie Nationale de Santé, Sécurité et Environnement, en partenariat avec l’Agence Allemande de Coopération Internationale (GIZ). Cette stratégie répondait à un besoin pressant, dicté par les risques croissants auxquels sont exposés les exploitants artisanaux sur les sites d’exploitation, qu’il s’agisse des accidents de travail, de l’impact des produits chimiques utilisés dans les procédés de traitement, ou encore des effets directs sur l’environnement, la couverture végétale et les ressources hydriques.
Cette étude ne s’est pas limitée à recenser et décrire les risques ; elle a également défini des normes claires et des mesures pratiques de prévention, en proposant un plan national de formation et de sensibilisation visant à diffuser une culture de la sécurité et une conscience environnementale parmi les acteurs et les travailleurs du secteur.
L’étude d’évaluation du potentiel minéral dans les zones autorisées
La deuxième étude a porté sur l’évaluation du potentiel minéral dans les zones autorisées, réalisée en partenariat avec l’Agence Nationale de Recherches Géologiques et du Patrimoine Minier. Cette étude a marqué un tournant majeur, en fournissant pour la première fois une base de données scientifique précise sur les gisements miniers des zones dédiées au secteur artisanal et semi-industriel.
Elle s’est appuyée sur des levés géologiques et techniques avancés, incluant des prélèvements d’échantillons de sols et de roches analysés dans des laboratoires spécialisés afin de déterminer les teneurs en métaux précieux, en particulier l’or.
Les résultats de cette étude ont permis l’élaboration d’une carte géologique actualisée couvrant les zones d’intervention de Maaden Mauritanie, offrant ainsi à l’Agence comme aux investisseurs une référence scientifique déterminant la rentabilité économique de chaque zone et facilitant la mise en œuvre de plans d’exploitation plus rationnels et plus efficaces.
L’étude sur la chaîne de production et la rentabilité de l’orpaillage
Dans une autre dimension, l’étude globale sur la chaîne de production et la rentabilité de l’orpaillage a mis en lumière la structure économique de cette activité, de son amont à son aval. L’étude a suivi la chaîne de valeur depuis les opérations d’extraction, à l’aide d’outils et de moyens rudimentaires, jusqu’aux procédés de traitement traditionnels ou semi-industriels, et enfin les étapes de commercialisation et de vente.
Au cours de ce suivi, l’étude a réalisé une analyse économique détaillée des coûts directs et indirects supportés par les orpailleurs, depuis les frais liés aux équipements et au carburant, en passant par la main-d’œuvre, jusqu’aux dépenses en produits chimiques et en services annexes. En parallèle, elle a examiné les niveaux de rentabilité et les revenus générés par cette activité, tant sur le plan individuel que collectif.
L’étude a conclu que l’orpaillage représente bien une ressource économique considérable, mais demeure exposée à de fortes fluctuations, dues au faible rendement des procédés d’exploitation et à l’absence de moyens modernes de traitement, entraînant des pertes notables d’or tout au long du processus de production. Sur cette base, elle a formulé une série de recommandations visant à améliorer les méthodes de production et à accroître la rentabilité, au bénéfice de l’économie nationale et des revenus des orpailleurs.
L’étude sur la stratégie de classification du secteur artisanal et semi-industriel
La quatrième étude concernait la stratégie de classification du secteur minier artisanal et semi-industriel, étape essentielle dans le processus d’organisation du secteur. Elle a établi des critères précis pour distinguer entre l’orpaillage artisanal simple et l’exploitation semi-industrielle.
Cette classification s’est appuyée sur plusieurs indicateurs, tels que le volume des investissements, la nature des équipements et moyens techniques utilisés, la capacité de production, ainsi que le niveau d’impact environnemental et social.
L’étude a ainsi fourni un cadre objectif pouvant servir de base à l’élaboration des lois et règlements, ainsi qu’à l’adaptation des procédures de contrôle et d’encadrement administratif selon la nature de chaque catégorie d’activité. Elle a donc jeté les fondations d’une meilleure répartition des rôles et d’une équité accrue entre les acteurs, tout en renforçant la transparence et la supervision, et en préparant des réformes structurelles plus profondes.
Conclusion
Ces études, dans leur ensemble, constituent un capital scientifique et opérationnel précieux pour l’Agence Nationale Maaden Mauritanie. Elles traduisent une nouvelle approche qui fait de la connaissance la base de l’organisation, et de la planification scientifique un instrument garantissant la durabilité et la bonne gestion des ressources.
Elles ne se sont pas limitées à diagnostiquer la réalité et à décrire les défis, mais ont proposé des solutions pratiques et des recommandations claires et applicables, ouvrant ainsi la voie à la transformation du secteur minier artisanal et semi-industriel, d’une activité traditionnelle et spontanée, en un véritable levier économique contribuant au développement national.
De cette manière, l’Agence concrétise sur le terrain la vision de Son Excellence le Président de la République, Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, visant à moderniser et développer le secteur minier artisanal et semi-industriel, à renforcer sa rentabilité, et à ancrer les normes de sécurité et de durabilité sur l’ensemble du territoire national.